Christopher Dembik, Senior Investment Strategy Adviser Pictet Asset Management.
La saison des résultats confirment l’engouement de l’IA. Il y a trois axes principaux de développement :
Les infrastructures IA. C’est le segment le plus porteur. Meta (ex-Facebook) a annoncé une hausse de ses dépenses d’investissement dans le domaine de 40 milliards de dollars cette année. Même chose pour Amazon qui mise sur les centres de données. Cela va bénéficier à Nvidia – acteur incontournable – qui va publier ses résultats le 22 mai à la clôture de Wall Street.
Les fournisseurs de services cloud. L’année boursière 2023 fut compliquée pour ce secteur. Après des efforts importants pour améliorer la rentabilité, et du fait d’un rebond de la demande, ils renouent enfin avec une bonne performance boursière.
L’IA générative. C’est une IA qui est en mesure de générer du texte, des images, des vidéos et de la musique (ChatGPT, Midjourney etc.). Tous les investisseurs ont essayé de dénicher la pépite boursière qui pourrait capturer au mieux cette révolution technologique. Il ne fallait pas chercher bien loin. C’est au niveau de la publicité numérique qu’il y a les applications les plus concrètes et monétisables de l’IA générative.
Trop cher ? C’est le reproche récurrent qui est fait aux valeurs tech positionnées sur l’IA. Ce n’est désormais plus le cas. Au cours des derniers mois, les valorisations ont atterri. Pour la première fois depuis la fin des années 1990, au moment de l’explosion de l’Internet, le ratio cours sur bénéfices prévisionnel à douze mois des valeurs tech ne dépasse pas 40. Cela ne signifie pas que c’est abordable. Mais, à ce niveau, difficile de rester à l’écart…
Perspectives
L’indice des prix à la consommation (IPC) aux États-Unis est la principale statistique cette semaine. En mars, l’IPC était ressorti à 3,5% sur un an – un niveau bien trop élevé pour envisager une baisse des taux par la Réserve Fédérale. Même si l’inflation se replie un peu en avril, notamment l’inflation dans les services, nous ne sommes toujours pas à des niveaux cohérents avec l’amorce d’un cycle de baisse des taux. Il est évident que le scénario de la première baisse en juin est désormais hors de question. Le marché hésite entre septembre et novembre (au moment de la présidentielle). Nous envisageons toujours une à deux baisses cette année, mais plutôt à partir de l’automne. Ce qui est certain, c’est que le cycle d’assouplissement aux États-Unis sera bien moins important que lors des périodes passées.
Nous pensons toujours que la baisse des taux est, en partie, motivée par la nécessité de baisser la charge de la dette. Deux chiffres qui font peur : pour le seul mois de mars, le Trésor américain a versé 89 milliards de dollars d’intérêts aux détenteurs de la dette…soit environ deux millions de dollars par minute !