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Jean Verheyen, souscripteur-mandaté spécialisé dans l’assurance de niche nécessitant un savoir-faire pointu et des polices d’assurance sur mesure, recommande la prudence aux entreprises qui font appel à des transporteurs : la fin d’année connait généralement une recrudescence d’usurpations d’identité.

Le phénomène criminel des « fraudes fake carriers », autrement dit de l’usurpation d’identité des transporteurs, est en forte hausse ces dernières années partout en Europe, un constat unanimement partagé par les assureurs du secteur.

L’usurpation d’identité représenterait, en Europe, environ un quart des crimes relatifs au transport, soit un préjudice de plus de 2 milliards d’euros par an ! ​ Une estimation basée sur celle du Parlement européen qui chiffrait il y a dix ans la criminalité liée aux transports dans l’UE à environ 8 milliards d’euros par an. En dépit du manque de chiffres récents, on peut extrapoler une sérieuse augmentation des sommes détournées.

Attention aux bourses de fret

Les cybercriminels agissent souvent à partir des bourses de fret digitales mais il arrive que les fraudeurs s’en prennent directement à des sociétés de transport pour détourner des ordres de transport.

Sur base de notre expérience en tant souscripteur-mandaté spécialisé dans le transport, nous avons identifié trois types de fraudes :

  1. Les fraudeurs se présentent sous l’identité d’une société de transport fictive. Il est relativement simple de détecter l’arnaque en étant attentif et en contrôlant des données de l’entreprise.
  2. Les fraudeurs utilisent l’identité d’une société existante, en utilisant un faux numéro de téléphone (portable) et une adresse e-mail légèrement différente par rapport à la véritable adresse. Sur base d’un faux domaine, ils peuvent aussi créer un site web vers lequel diriger les visiteurs par le biais de messages d’hameçonnage. L’arnaque est alors détectable en étant extrêmement rigoureux dans le contrôle des coordonnées de la (vraie) société.
  3. Les fraudeurs acquièrent carrément une société de transport existante. Ils disposent ainsi de coordonnées réelles (téléphone, e-mail, site web), d’une assurance CMR (Convention des Marchandises par Route), c’est-à-dire d’une assurance responsabilité civile du transporteur, d’un n° ID sur des bourses de fret.

Il existe des milliers de petites sociétés de transport en difficulté financière, notamment en Roumanie, en Bulgarie et en Pologne. Il leur est parfois difficile de résister à la tentation d’une reprise criminelle. Détecter une telle manœuvre est évidemment beaucoup plus difficile, d’autant que le changement d’actionnariat est toujours enregistré avec retard au Registre de commerce local.

« Si une entreprise passe par une plateforme digitale de bourse de fret pour trouver un transporteur et faire acheminer ses marchandises, nous conseillons de vérifier consciencieusement les coordonnées des interlocuteurs et de limiter les offres aux marchandises de faible valeur et peu sujettes au vol », déclare Caroline Ghekiere, Director SME & Logistics chez Jean Verheyen.

Mode opératoire

Les criminels se faisant passer pour des transporteurs légitimes acceptent l’ordre de transport, viennent collecter les marchandises conformément à l’ordre mais ne les livrent pas à la destination prévue. En général, on s’aperçoit du détournement lorsque le client averti son fournisseur que les marchandises ne sont pas arrivées. On tente alors de contacter le transporteur qui reste introuvable, tout comme la cargaison.

Il arrive aussi souvent que les criminels sous-traitent le détournement à un autre transporteur agissant de bonne foi. La marchandise est déviée vers un autre point de livraison et déplacée à nouveau rapidement.

Règles d’or avant de confier ses marchandises

  • Ne pas se contenter de numéros de téléphones portables et/ou de comptes e-mail anonymes (tels que gmail, hotmail, etc.) ;
  • Vérifier les coordonnées officielles du transporteur : son numéro de TVA (sur le site https://viesvalidation.com) ; regarder à quoi ressemble le siège de l’entreprise sur Google Street View ; vérifier le code d’identification du membre de la bourse de fret.
  • Vérifier les documents de transport : licence de transport et assurance.
  • Se méfier des offres de prix trop basses pour être honnêtes.
  • Ne pas confier de marchandises de valeur sur les sites de bourses de fret (cuivre, matériel électronique, produits de luxe, etc.).
  • Rester toujours dans l’application logicielle du site de fret pour confirmer l’ordre de transport. Et comparer les coordonnées du candidat transporteur avec celles mentionnées sur le site web du transporteur).

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